Nous vivons une pandémie grave qui a déjà causé, à travers le monde, au moins 4,25 millions de morts (chiffre très certainement sous-évalué), dont 112.000 rien qu’en France. Outre les décès, nous savons aussi que de très nombreuses personnes ont souffert de la COVID, en étant hospitalisées, en frôlant parfois la mort. Des formes de COVID longs touchent des individus qui, des mois après avoir contracté le virus, ont toujours des difficultés respiratoires et des coups de fatigue importants.
Pour ce qui est de la France, la période a également vu deux confinements. Ces confinements, s’ils ont sans aucun doute sauvé des vies, ont également plongé de nombreuses personnes dans des situations de détresse et d’isolement. Ils sont par ailleurs arrivés trop tard pour être pleinement efficaces et n’ont pas empêché de nombreuses morts de la COVID… Cette sombre période, faite de décès de proches et de privation des libertés, a aussi vu des plans de casse de l’emploi massifs (comme aux Fonderies du Poitou) et globalement, des attaques sociales menées contre les classes populaires (licenciements, réforme de l’assurance chômage, retraite à 64 ans annoncée, loi sur le séparatisme…).
Rappelons-nous aussi que cette épidémie est survenue alors même que l’hôpital public vit une crise grave. Manque de personnel, manque de lits, manque de moyens d’un point de vu général… autrement dit, le pire moment pour faire face à une épidémie telle que celle que nous vivons. Et le cas du service public de santé est aussi transposable à l’éducation où le manque de moyens humains et matériels a posé d’énormes difficultés pour tenir des cours en « présentiel » tout en garantissant la santé de tout le monde. C’est pourquoi de nombreux élèves ont connu des difficultés scolaires qui seront difficiles à rattraper puisque, de fait, les enfants ont perdu de nombreux jours d’école.
Pour une politique sanitaire et sociale : défense du vaccin et des services publics
L’arrivée de vaccins fût rapide et c’est une bonne nouvelle. Grâce à une vaccination de masse, il est possible d’enrayer l’épidémie. Il semble important de rappeler que c’est un objectif pour reprendre une vie « normale ». Il ne s’agit pas de revenir à la normale comme si le monde d’avant était parfait, mais de pouvoir stopper les décès et les COVID longs, et ainsi reprendre des activités (y compris de lutte!) qui nous sortiraient de l’isolement social, culturel, etc. L’efficacité de tous les vaccins ne semble pas la même, mais elle paraît très bonne pour les vaccins dit ARNm (entre 70 et 90 % d’efficacité y compris sur le variant Delta) et toujours positive pour l’Astrazeneca (60%). Si ces vaccins n’empêchent pas totalement d’attraper le virus et de le transmettre, ils diminuent drastiquement la possibilité de le transmettre mais surtout les formes graves de la maladie (plus d’infos ici). A la lecture de ces statistiques, nous pouvons affirmer que si une vaccination mondiale s’approchant de 90 % de la population entière, le virus ne circulerait plus.
C’est pourquoi il faut sans hésiter défendre la vaccination pour toutes et tous. Sans sombrer dans un autoritarisme fou, mais en expliquant, en convainquant, en mettant en place une politique volontariste avec des centres de vaccinations partout, dans les quartiers populaires, sur les lieux de travail, d’étude, de vacances… Plutôt que la matraque il faut parler à l’intelligence des gens avec des arguments solides. Ainsi, nous ne vaccinerons sans doute pas 100 % des gens, mais nous pouvons espérer approcher de ce chiffre alors qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, la France compte 66 % de vaccinés (deux doses).
Pour que cette politique soit juste et complète, elle doit aussi être liée à la levée des brevets sur les vaccins. Une campagne unitaire est en cours à ce sujet. La levée des brevets permettrait de faire des vaccins des biens communs de l’humanité. Il faut les sortir de la sphère marchande, rendre publique leur composition pour que tous les pays puissent les produire en masse, et il faut une transparence totale de la campagne pour rassurer les populations sur les effets secondaires mauvais… mais aussi sur les très bonnes nouvelles !
Enfin, en plus de la vaccination, il y a urgence à embaucher massivement dans la santé publique. Nous avons besoin d’un hôpital avec des moyens largement au-dessus de ce qu’ils sont. Des milliers d’embauches de personnels sont nécessaires, il faut aussi augmenter les salaires des travailleuses et travailleurs de la santé ! (lire le tract du NPA santé).
Mobilisation « anti-pass » : quelle politique adopter en défense des idées susnommées ?
Depuis l’annonce par Macron de l’application du « pass sanitaire », en même temps que celle de la réforme de l’assurance chômage, mais aussi de celle des retraites (s’il gagne la présidentielle de 2022, grosso modo), des mobilisations de rue s’organisent.
Rappelons les faits. Le « pass sanitaire » que veut mettre en place Macron est simple à comprendre : si vous êtes vacciné, c’est bon, vous pouvez circuler et vous rendre dans des lieux de culture, dans des restaurants, bars, etc. Si vous ne l’êtes pas, vous ne pourrez pas entrer dans ces lieux. Le « pass » peut également être obtenu si vous attestez avoir eu la COVID et en être rétabli, ou si vous faites un test antigénique (mais pour 48 heures). Nous touchons donc là à des contraintes « individuelles » et non vitales bien que contraignante. La véritable attaque vient en réalité de la volonté de licencier (ou, désormais, de suspendre de salaire) les salariés, notamment de la santé, qui n’aurait pas été vaccinés à la mi-septembre.
Trois temps forts ont eu lieu partout à travers la France, avec des très grosses manifestations parfois, surtout pour un mois de juillet. Ce « pass sanitaire » a mis le feu aux poudres avec plus de 200.000 manifestant.e.s en France le 31 juillet dernier.
Il est assez difficile d’analyser la nature de cette colère et surtout l’intérêt ou non d’y participer pour les militant.e.s de gauche. Il y a très largement un rejet de Macron, de sa politique et de sa gestion de la crise. Mais ces éléments ne suffisent pas à rendre cette lutte juste même si la colère est plus que légitime. Ce qui rend une lutte juste ou non, ce n’est pas seulement les raisons de la colère mais l’expression de celle-ci à travers un certain nombre de revendications. Or, ici, le bas blesse.
Si nous sommes honnêtes, c’est-à-dire si nous ne voulons pas repeindre en rouge un mouvement un peu confus, il faut reconnaître que la lutte ne se limite pas au rejet du « pass sanitaire », mais aussi à celui du vaccin. Il est possible là encore d’analyser cela en disant que si cet amalgame se fait, c’est en partie à cause de l’existence même du « pass » ou, si on va plus loin, de l’existence même de Macron et de sa politique. Il faudrait d’une certaine façon s’opposer à tout ce que propose Macron. Mais penser ainsi nous bloque dans la possibilité de défendre une politique sanitaire efficace et intelligente. Rappelons aussi que la politique vaccinale est mondiale et ne concerne pas Macron. Au Brésil par exemple, qui a un gouvernement d’extrême-droite « covidoseptique » et « vaccinoseptique », des manifestations de masse sont organisés pour la vaccination ! Rappelons aussi que la vaccination, si elle était si dangereuse, ne serait pas d’abord à destination des pays les plus riches et, dans les pays les plus riches, à celles et ceux qui ont le plus de moyens ! Là encore, sortons de la France pour aller voir du côté du Proche-Orient où Israël a choisi de ne pas vacciner les palestiniens dans un premier temps (erreur sanitaire primaire, mais le racisme est plus fort que ça) : pourtant, si le vaccin tuait massivement, il aurait été injecté de l’autre côté du mur !
Aussi, si une part importante est « vaccinoseptique », le véritable problème est qu’il est très difficile de discuter sur ce terrain technique sur lequel l’extrême-droite joue un rôle évident, simpliste et dangereux. Philippot, Dupont-Aignan, Asselineau, mais aussi de nombreux groupes royalistes et proches de la Manif Pour Tous surfent sur la vague pour distiller tout un tas de discours complotistes, attaquant le « Nouvel ordre mondial » par ci, « Le Big Pharma international » par là, manque plus que le « cosmopolitisme » et nous y sommes… cette séquence fait clairement ressortir le vieux discours antisémite. Et l’extrême-droite, issues de la filiation fasciste française, nous explique que nous sommes en dictature… il faut dire qu’ils s’y connaissent bien en dictature !
Évidemment, le mouvement ne peut pas être limité à cela. Il y a aussi beaucoup de gens en colère, des jeunes, des syndicalistes, des Gilets jaunes, qui sont là pour alerter des attaques sociales en cours et surtout de l’autoritarisme toujours plus important de Macron dans la suite de la loi « sécurité globale ». Des militant.e.s du NPA participent à ces manifestations, dans certaines villes, notamment à Chambéry, à Avignon, en Bretagne, en Franche-Conté, etc. Les camarades essayent justement de tourner la colère sur les bons sujets. À Poitiers aussi, quelques camarades ont participé aux manifestations (dont l’auteur de ces lignes). Notre objectif était de voir ce qu’il s’y passe, de prendre la température et aussi de défendre une politique (que j’ai essayé de développer plus haut). Personnellement, en deux rendez-vous à Poitiers, à une semaine d’intervalle, je n’ai pas vu le même public. La première fois un public à moitié bourgeois et à moitié populaire. La deuxième fois un public majoritairement populaire. Mais dans les deux cas beaucoup de confusion dans les pancartes, les slogans (notamment « liberté, liberté, liberté ! Qui est un slogan pas très positif) et dans les discussions qui partent très vite dans tous les sens. Les CR sont à lire ICI et ICI.
Ce que je pense, c’est qu’il faut continuer à maintenir une présence dans les manifestations, mais en y portant un discours très clairement pro-campagne sanitaire et aussi pro-vaccin. Il faut absolument cliver sur ces sujets pour remettre le bon sens au coeur des discussions. Les délires et les fausses informations ne peuvent pas être une politique à la hauteur des enjeux. Virer Macron est une nécessité vitale, mais vient alors la question : pour quelle politique ? Celle de Bolsonaro et Philippot ? Non, et je sais bien que les camarades de gauche présent.e.s dans les manifs en sont convaincus. C’est pourquoi il est nécessaire de clarifier les mots d’ordre et de dégager les fachos des manifestations. Pour ce faire, il faut nous appuyer sur les différents appels unitaires existants : l’appel sur la levée des vaccins, que j’ai déjà diffusé plus haut, mais aussi l’appel contre le « pass sanitaire » publié dans la foulée des annonces de Macron.
Cette situation est très désagréable puisqu’elle oblige à se faire mal en allant à l’affrontement avec des ennemis de notre camp social et à mener des débats avec conviction pour une politique vaccinale et sanitaire avec des personnes clairement aujourd’hui prises dans des positionnements délicats et potentiellement dangereux. Si, à la rentrée, le mouvement social s’invite sur la scène politique, alors cette situation pourra, espérons-le, remettre la question sociale au centre et balayer les dérives anti-sciences.
Alexandre Raguet
Je vous signale que La décroissance, journal de gauche et écologiste parle aussi de « dictature techno-médicale ». Comme son homologue belge « Kairos ».
Egalement, que si la vaccination de masse a lieu dans les pays riches, c’est évidemment parce que les États ont les moyens de payer des sommes pharamineuses. Et non, il n’y a pas que les pauvres qui sont concernés pas les scandales de santé publique, tout cela relève d’un raisonnement un peu simpliste. Nombreux sont les problèmes causés par les industries dans les pays riches (pollution, perturbateurs endocriniens, pesticides, opioïdes…) .
Enfin, une des caractéristiques du capitalisme est d’utiliser les sciences à des fins technologiques risquées et hasardeuses ( OGM, nucléaire…). Nous y sommes tout à fait avec ces vaccins ou injections génétiques dont nous ne maitrisons pas les conséquences ( prolifération des variants, effets sur la santé à long terme).
Mais oui il est important que les militants de gauche participent aux manifestations contre le pass sanitaire.
Et si vous voulez comprendre comment la politique et les intérêts financiers influencent la science ( ce qui me semble important quand on milite à gauche), c’est par ici : https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/290321/au-nom-de-la-science-la-science-peut-elle-servir-de-guide-notre-societe
Je vous prie de regarder à la page 4, section pharmacovigilance, ce rapport du CRIIGEN (organisme indépendant, basé à Poitiers, qui a notamment prouvé la toxicité du Round up). On y parle de caillots dans les organes, cancer de la prostate, et autre réjouissances causés par les vaccins biotechnologiques.
https://criigen.org/wp-content/uploads/2021/08/2021-07-29_Lettre-a-Charlie-Hebdo-juillet-2021-02_D.pdf
Souhaitez vous vraiment que toute la planète reçoivent ces vaccins bio-technologiques?
Ne préférez-vous pas militer, comme le CRIIGEN le demande pour un véritable vaccin, efficace, sûr, et protégeant sur la durée ?
> Les personnes qui refusent de servir de cobayes d’expérimentation de produits dont ni l’efficacité ni la toxicité
> ne sont éprouvées sont aujourd’hui opprimées, taxées de non-solidaires et pointées injustement d’être responsables
> de la continuité de la pandémie (au moins!).
>
> Vous pensez sûrement que nous sommes responsables de l’existence du pass-sanitaire qui entrave vos libertés ?
> Faux ! Il existe seulement parce que le gouvernement ne peut rendre obligatoire la vaccination.
> Pourquoi ? Parce que l’état serait rendu responsable des (très nombreux) effets secondaires graves (définitifs) et
> décès éventuels (nombreux).
> Dans ce cas les victimes pourraient poursuivre l’état pour réparation.
>
> Je suis anticapitaliste, et quand je lis que le NPA prétend défendre les peuples opprimés, je me questionne :
> Quel sens cela a-t-il de défendre les libertés de certains opprimés et de vouloir obliger d’autres à subir ce que la pensée
> unique a décidé, en vous positionnant pour la vaccination obligatoire ?
> Y a-t-il différents types d’opprimés, selon quels critères ?
> Y a-t-il un mal à revendiquer la liberté ?
> On pourrait le croire.
>
> Déjà opprimé par le pouvoir, je me sens abandonné par le camp dont je pensais être le plus proche, et donc encore plus opprimé.
> Je ressens tous ces écrits mettant en cause les non-vaccinés et tous ces messages destinés à les culpabiliser comme
> autant de blessures, rejets, accusations injustes.
> La gauche anticapitaliste nous a accompagnés dans les manifestations anti-pass multicolores, jusqu’à la fin de l’été 2021.
> Pour quelles raisons et sur quels prétextes fallacieux ?
> Le NPA fait-il partie de la gauche des libertés ?
> Aujourd’hui j’en doute.
> Le NPA est-t-il sectaire ?
> Je commence à le croire.
>
> Un anticapitaliste rejeté par sa famille politique. »
>
> Christian