Sur Arte, un excellent documentaire nous emmène au nord de la Norvège, à Svalbard. Normalement ici, il y a beaucoup de glace, de neige, de froid. Il y en a toujours bien sûr, mais beaucoup, beaucoup moins. Et cela change considérablement la vie de cette région, avec des modifications rapides de la faune et la flore locale, des remplacements, des disparitions, etc.
Il ne s’agit pas d’un phénomène naturel. Nous vivons le résultat de l’ère du capitalocene qui, depuis la révolution industrielle et l’émergence du capitalisme ultra-dominant, et avec lui la sur-production, la sur-consommation, autrement dit la pollution de masse et l’exploitation des individus pour des intérêts égoïstes, a conduit l’humanité et des milliers d’espèces animales et végétales dans une situation catastrophique, cataclysmique même. Concrètement, pour le cas de Svalbard, la disparition des glaciers est envisagée, la disparition de l’ours polaires et de nombreuses espèces endémiques sont quasiment assurées.
Mais surtout, cette augmentation plus élevée de la température au pôle, qui entraîne la fonte des glaces et donc, in fine, un réchauffement encore plus rapide du reste de la planète, une augmentation de la quantité d’eau douce dans les océans, l’augmentation de gaz à effet de serre dans la nature (jusqu’à maintenant contenus dans les glaces du pergelisol), va avoir un effet domino gravissime pour l’ensemble des habitantEs de la planète et des écosystèmes (incendies, inondations, typhons, sécheresses par citer quelques exemples).
Cependant, comme nous pouvons largement le constater, et c’est pour cela que j’utilise le terme de capitalocene, la grande majorité de la population, exploitée, opprimée, qui ne décide pas des choix politiques et économiques, ne peut être tenue responsable de cette situation. En revanche, c’est dans ses mains que se trouve la solution, une solution radicale et démocratique, une révolution démocratique et sociale qui en finisse avec l’ère des capitalistes pollueurs et destructeurs, pour un ère nouveau, écosocialiste.
« La catastrophe ne peut être stoppée d’une façon digne de l’humanité que par un double mouvement consistant à réduire la production globale et à la réorienter radicalement au service des besoins humains réels, ceux de la majorité, démocratiquement déterminés. Ce double mouvement passe forcément par la suppression des productions inutiles ou nuisibles et l’expropriation des monopoles capitalistes – en premier lieu dans l’énergie, la finance et l’agrobusiness. Il passe aussi par une réduction draconienne des extravagances de consommation des riches. En d’autres termes, l’alternative est dramatiquement simple: soit l’humanité liquidera le capitalisme, soit le capitalisme liquidera des millions d’innocent.e.s pour continuer sa course barbare sur une planète mutilée, et peut-être invivable. »
C’est ainsi que Daniel Tanuro, militant écosocialiste, formule une réponse politique (https://alencontre.org/ecologie/au-bord-du-gouffre-le-scenario-que-le-giec-ne-modelise-pas.html). Et il termine, dans le même texte, par cette perspective : « Ecologiser le social et socialiser l’écologie est la seule stratégie qui peut arrêter la catastrophe et faire renaître l’espérance d’une meilleure vie. Une vie du prendre soin des personnes et des écosystèmes, maintenant et dans une vision de long terme. Une vie sobre, joyeuse et chargée de sens. Une vie que les scénarios du GIEC ne modélisent jamais, où la production de valeurs d’usage pour la satisfaction des besoins réels, démocratiquement déterminés dans le respect de la nature, remplace la production de marchandises pour le profit d’une minorité. ».
Bref, citons encore Daniel Tanuro, et le titre de son dernier ouvrage : il est trop tard pour être pessimistes et il est grand temps d’agir pour limiter la catastrophe écologique et imposer un modèle égalitaire !