Quand l’État ne respecte pas ses propres lois… que faire ?

Jeudi 18 janvier à Poitiers, Arié Alimi, avocat et membre de la Ligue des Droits de l’Homme, a répondu aux questions de l’assistance sur le thème des violences policières et violences d’État.
Lui-même se présente comme non-violent, car il pense que la violence provoque inéluctablement un cycle de violence. Il nous donne la définition juridique de ce que sont des violences : selon le code pénal, il s’agit d’atteintes à l’intégrité physique d’une personne de façon volontaire.

L’expression « monopole de la violence légitime » tirée de l’analyse de Max Weber est questionnée. En effet le Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin n’hésite pas à y faire référence pour attribuer ce monopole à l’État et justifier par là-même des violences policières. Or Arié Alimi nous montre deux choses : premièrement Max Weber n’a jamais dit que l’état détenait le monopole de la violence légitime ; il a simplement montré que les états revendiquent le monopole de la violence légitime, ce qui est radicalement différent. Deuxièmement il nous indique que cette notion de monopole de la violence légitime n’apparaît dans aucun code, aucun texte juridique en France. Le code pénal et le code de procédure pénale sont d’ailleurs très équilibrés, accordant les mêmes droits, ni plus ni moins, aux citoyennes et citoyens et aux agentes et agents des forces de l’ordre. Exercer une violence est également répréhensible pour une personne lambda et pour un policier. La légitime défense demeure l’exception et ne peut être invoquée que si elle est intervient dans le cas d’un danger imminent et qu’elle entraîne une réponse proportionnée.

D’où vient alors ce sentiment d’impunité policière ?
Indubitablement, les institutions judiciaires appliquent un « deux poids, deux mesures » et les forces de l’ordre sont rarement inquiétées malgré des délits ou crimes constitués. Il en est de même pour les représentants de la FNSEA qui, parce qu’ils constituent un réservoir de voix pour le pouvoir, ne sont jamais poursuivis pour les actions de dégradation des bâtiments publics ou pour les blocages totalement illégaux.

Concernant les black blocs, Arié Alimi rappelle que le black bloc est un mode d’action anticapitaliste, et non un groupe de personnes. La stratégie du black bloc consiste à attaquer des symboles du capitalisme et de l’État oppresseur (banques, mobilier urbain, etc.), des faits qui ne sont donc pas des violences.

La brutalité spécifique du maintien de l’ordre à la française trouve son origine dans les actions de répression menées systématiquement dans les bidonvilles puis les quartiers populaires accueillant une population immigrée ou issue de l’immigration. Ces techniques d’oppression et répression destinées aux populations immigrées sont bien la preuve que la décolonisation est loin d’être terminée. Elles ont ensuite été exportées dans le maintien de l’ordre de la population générale, notamment depuis 2016 et la contestation de la loi Travail. Une autre spécificité est l’emploi d’armes de guerre (grenades offensives par exemple, désormais interdites).

Crédit Photo : Photothèque Rouge /JMB – Beaumont sur Oise, le 20 juillet 2019, marche pour Adama

Bien qu’opposé au principe de la prison, Arié Alimi défend des victimes de violences policières et des policiers lanceurs d’alerte en espérant faire condamner les auteurs. Il estime que le droit est un outil d’oppression de la population et sa stratégie consiste à retourner cet outil contre l’État. C’est sa façon de lutter contre l’oppression.

Biblio : Arié Alimi, l’État hors-la-loi, éditions La Découverte, 2023

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