L’utilisation du 49.3 a renforcé l’illégitimité de Macron et de son gouvernement, minoritaires aux pratiques ouvertement antidémocratiques. Jeudi 23 mars, on a vu dans bien des villes les plus grosses manifestations depuis janvier. Depuis, Macron et Darmanin ont décuplé la répression pour tenter de stopper la révolte.
Scènes de guerre à Sainte-Soline
La veille de la manifestation à Sainte-Soline le 25 mars, Darmanin prédisait des violences pour le lendemain. En réalité, c’est lui qui les organise : dans les champs du Poitou, des milliers de gendarmes défendaient un trou inutile et dangereux avec des armes de guerre, pour sauvegarder les intérêts privés de l’agrobusiness contre celles et ceux qui défendent le bien commun et la répartition des richesses.
Malgré le déluge de grenades, le même jour, des manifestations réussies en défense des sans-papiers et contre le projet Asile immigration dit « loi Darmanin-Dussopt » avaient lieu dans de nombreuses villes. Réussies et déterminées, à l’image de la nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle du 28 mars.
Le mouvement se poursuit
Pour la 10e journée de mobilisation, le mardi 28 mars, la contestation est restée à un niveau très élevé. Les jeunes, déterminéEs et joyeuxEs, prennent désormais une part grandissante dans les cortèges et viennent participer aux blocages. Et si les secteurs les plus en pointe dans la grève ont besoin de renfort, la détermination reste grande : actions de blocage, barrages, occupations, etc. Et les manifestations sont toujours très nombreuses et massives.
Le retrait de la réforme des retraites reste l’objectif des manifestantEs qui ont expérimenté leurs forces d’organisation et de blocage, mais le mouvement social s’engage dans la voie d’une contestation plus globale. Comme au moment de la loi Travail ou lors des manifestations des Gilets jaunes, c’est l’ensemble de la politique du gouvernement qui est dénoncée. Une politique au service des riches, des puissants, des projets écocides et des discriminations envers les étrangerEs. Avec une dimension antidémocratique de plus en plus forte.
Médiation ou affrontement ?
En proposant au gouvernement une « médiation pour trouver une voie de sortie », le secrétaire général de la CFDT cherche un compromis impossible avec le pouvoir. Mais ce pouvoir nous fait la guerre ! D’ailleurs, il a refusé cette médiation, acceptant certes de rencontrer les syndicats mais affirmant, concernant les retraites, ne pas vouloir discuter autre chose que l’application de la loi. Une autre illusion serait de croire que le Conseil constitutionnel pourrait nous faire le cadeau de censurer la réforme. Toute issue positive viendra du rapport de forces que nous construirons dans la rue et dans les lieux de travail.
Pour nos retraites, contre les violences policières, contre les politiques antisociales du gouvernement, notre force reste notre capacité à nous mobiliser et à bloquer le pays. Dans la perspective du 6 avril, prochaine date de grève annoncée par l’intersyndicale, il va falloir continuer d’organiser et développer la riposte : multiplier les actions dans la jeunesse, par des blocages de l’économie, la construction de la grève. Pour nous organiser, nous avons besoin de discuter dans les quartiers, les rues et les champs.
Notre objectif, plus que jamais, est de dégager ce gouvernement et sa 5e République antidémocratique, de mettre en œuvre la vraie démocratie, celle de la rue, de celles et ceux qui produisent les richesses, des organisations du mouvement ouvrier. Nous voulons construire un pouvoir réellement au service du monde du travail et d’un projet écosocialiste.