Plus de 1000 personnes (la presse parle de 1400, c’est peut-être vrai, nous n’avons pas pu compter sérieusement) ont à nouveau manifesté à Poitiers. Pour un 14 août, c’est sans aucun doute un record pour une manifestation.
Pour cette journée, au moins deux appels significatifs du mouvement ouvrier existaient. Un premier, rassemblant plusieurs organisations, dont le NPA. Un second, signé uniquement par Solidaires qui ne se retrouve pas dans le paragraphe suivant du premier appel : « Une vaccination large et massive est nécessaire pour combattre cette pandémie, à commencer par la couverture des plus fragiles. Nous nous démarquons de toutes celles et ceux qui font de leur opposition frontale au vaccin un déversoir sectaire et complotiste et nous dénonçons fermement toute assimilation de la stratégie vaccinale à la Shoah ou à l’apartheid. ».
Ces appels ont permis, malgré les désaccords, que plus de militantes et militants de gauche soient là que d’habitude. Cela n’a pas empêché la présence, une nouvelle fois, de petits groupes d’extrême-droite, ou des pancartes nationalistes et anti-vaccins, mais la visibilité des drapeaux syndicaux et les interventions de syndicalistes à la sono (même si ces derniers n’ont pas affirmé une position pro-vaccination ferme, ni même critiqué la présence de l’extrême-droite) ont donné une autre teneur à la manifestation. En effet, les camarades ont rappelé les différentes attaques sociales en cours et passées, de la contre-réforme des retraites à la loi sécurité globale. Discours que l’extrême-droite est incapable de formulée puisqu’elle défend ces mesures ultra-libérales et autoritaires (elle voudrait même aller plus loin). Notons aussi qu’aucune intervention de droite ou d’extrême-droite n’a été faite au micro, même si certaines furent, à minima, confusionnistes (fake news sur les vaccins, covidoseptissisme…). Pourtant, l’épidémie continue bien de circuler et tout démontre que le vaccin, même s’il n’est pas une solution miracle, réduit les contaminations et les formes graves de la COVID.
C’est pourquoi le NPA pense qu’il est important d’orienter concrètement les revendications de la rue vers une politique sanitaire et sociale claire : pour la vaccination de masse (et mondiale) et la levée des brevets sur les vaccins, pour la socialisation de l’industrie pharmaceutique et le développement de la recherche publique. Pour l’augmentation des salaires, l’interdiction des licenciements et le refus des contre-réformes sur les retraites et l’assurance chômage… Bref, il faut une politique offensive pour renforcer le service public de santé. Plutôt que faire vivre le doute sur le vaccin, nous devons mettre hors d’état de nuire les capitalistes et les gouvernements qui les servent. La réquisition des labos pharmaceutiques, par exemple, est une revendication qui permet de répondre à différentes exigences : démocratique d’abord, puisqu’une socialisation permettrait la transparence et la levée des brevets pour les pays pauvres ; sociales aussi puisqu’il est inadmissible que des groupes privés s’enrichissent ainsi sur le dos des populations ; internationaliste enfin car, dans cette logique de privatisation, ce sont les pays les plus riches qui peuvent se payer des doses. Il faut que tout le monde sur la planète puisse avoir accès aux mêmes vaccins et aux mêmes soins.
La revendication « Liberté ! » est très loin de répondre aux exigences du moment. Pire même, elle est interprétable à souhait et permet des liaisons dangereuses dans les manifs… Plus que la liberté, ce sont les libertés collectives qu’il faut défendre. Ces pourquoi la vaccination à coup de matraque n’a pas de sens. Plutôt que contraindre, il faut convaincre, discuter, et, aussi avoir une politique volontariste. Par exemple, nous pensons qu’il est juste que les personnes vaccinées puissent bénéficier de 3 jours de congés. Cela peut être utile en cas d’effets secondaires et permet de protéger les salarié.e.s face à leurs patrons zélés.
Autour de ces revendications, ou d’autres à déterminer ensemble, les militantes et militants de gauche ont tout intérêt à former, dans la manif, un pôle avec un tract commun et des slogans à scander toutes et tous ensemble pour nous démarquer de l’extrême-droite mais aussi pour donner des pistes politiques. Il y a du travail à faire même s’il est vrai que dans la période il n’est pas aisé de rassembler beaucoup de forces militantes.