La coupe du monde de football aura lieu en novembre et décembre 2022 au Qatar. Alors que la question des droits humains, démocratiques, écologiques et sociaux est au cœur de cet événement, et que de nombreuses voix se lèvent pour appeler au boycott, il est impossible de garder le silence. L’histoire accélère, et si j’ai longtemps – comme passionné de football – défendu une position différente, je pense qu’il faut désormais se prononcer contre la Coupe du Monde de la honte.
Un scandale démocratique et social
En 2018, la même compétition était organisée en Russie. Le même pays accueillait les JO d’hiver en 2014. Cela malgré un Vladimir Poutine annexant la Crimée en 2014, emprisonnant ou faisant assassiner des adversaires politiques ou encore agressant les tchétchènes et les géorgien·ne·s. La Chine a de son côté aussi organisée les jeux olympiques d’été 2008 et les JO d’hiver en 2022, ce malgré la répression dont sont victimes les ouïghour·e·s ou encore les tibétain·e·s, mais également passant outre l’autoritarisme politique qui sévit dans le pays. Le Qatar – monarchie absolue raciste, sexiste et homophobe – organise donc la Coupe du Monde de football alors que plus de 6500 personnes sont décédées en construisant les stades et autres infrastructures depuis 2010, dans des conditions de travail dignes de l’esclavage. Les pelouses sont de véritables cimetières. Les dirigeants de cet état du Golfe ont exploité une main d’œuvre extrêmement pauvre, venue du Pakistan, d’Inde, du Népal, du Bangladesh ou encore du Kenya. 90 % des stades et bâtiments ont été construit par des migrant·e·s, travailleurs/ses qui n’ont bénéficié d’aucun droit et quasiment aucune protection. Une grande part des décès est liée à la chaleur beaucoup trop importante pour travailler – et pour jouer au football. Cela permet aussi de mettre le point sur le problème écologique posé par le fait d’organiser un événement sportif dans une région désertique. En 2019, les championnats du monde d’athlétisme ont eu lieu à Doha, capitale du Qatar. Plusieurs athlètes ont fait des malaises, et certains ont manifesté leur mécontentement, à l’image du marcheur Yohann Diniz, qui n’a pas pu terminer son épreuve dont il était pourtant le tenant du titre.
Un scandale écologique
Pour limiter l’effet des fortes chaleurs, d’énormes climatiseurs ont été installés dans les stades à ciel ouvert. Il s’agit d’un gaspillage énergétique ahurissant. Comme l’est le fait, d’ailleurs, de reconstruire des nouveaux stades, des nouveaux hôtels, des nouvelles infrastructures à chaque compétition internationale pour faire tourner l’économie au profit de quelques très grandes entreprises pourtant pas avare de greenwashing – y compris au moment des événements de ce type.
Nous vivons un été où les températures ont battu des records presque partout sur la planète. Dans certaines régions comme l’Inde, le Pakistan ou l’Iran, des température dépassant les 50°C posent la problématique de zones très peuplées bientôt inhabitables. La France connaît elle une sécheresse historique et voit des incendies se cumuler sur tout le territoire. Le manque d’eau est le sujet crucial du moment. Nous ne pouvons plus rien laisser passer.
Il ne s’agit nullement ici de s’en prendre au football. Nous savons bien que les amoureux/ses du ballon rond – et c’est le cas de l’auteur de ces lignes – sont toujours emballé·e·s à l’approche de la Coupe du Monde, de ses stars, des ses grands moments. Toutefois, nous ne pouvons plus laisser les milliardaires utiliser notre passion pour faire n’importe quoi afin de se remplir les poches. Nous ne pouvons plus non-plus se limiter à vouloir « faire populaire » sans prendre des positions à contre-courant, ni même invoquer les relents patriotiquescomme le fait le secrétaire national de la JC dans une tribune s’opposant au boycott de la Coupe du Monde. Le Boycott n’est probablement pas la solution miracle, mais elle permet de se positionner et de lancer des débats. Ce qui serait beaucoup plus efficace en revanche, c’est une campagne permettant d’interpeler la population, sur la Coupe du Monde au Qatar mais aussi sur les JO en Chine, ceux à venir à Paris et bien d’autres manifestations. Il nous faut repenser le sport et sa pratique – pour répondre aux exigences écologiques, sociales, démocratiques, féministes et égalitaires – et cela passe par des choix forts aujourd’hui, même si la question fondamentale reste celle de savoir qui dirige cette société et pour quelle politique. Le football étant utilisé par les capitalistes, il nous reste à libérer le football – et le monde – du capitalisme en faisant la révolution.
Alexandre Raguet
Oui il faut boycotter. Et faire une campagne pour. Dénoncer aussi les salaires mirobolants des stars de football qui se moquent dans leur très grande majorité qu’ils vont jouer sur des cadavres. Ces stars que certains admirent au NPA font partie de ce système capitaliste qu’il faut abattre. Ne pas dénoncer cela c’est être complices de ce système