Lundi 11 décembre, la motion de rejet préalable de la loi sur l’immigration a été adoptée à l’Assemblée. Darmanin n’a pas réussi à cette étape à rallier les voix des LR et du RN. Pourtant, depuis des mois, il alimente les pires préjugés anti-migrants de la droite et de l’extrême droite.
Darmanin et Macron fragilisés mais toujours à l’offensive
Plus répressif que jamais, le projet de loi de Darmanin a permis au Sénat de durcir encore plus son discours, avec des mesures honteuses comme la proposition de suppression de l’Aide médicale d’Etat (AME). Une campagne nauséabonde de mensonges se répand, sur le prétendu danger que représenteraient les migrantEs, en les assimilant à des délinquantE et de terroristes…
Darmanin peut s’offusquer que, suite au vote de la motion de rejet, le débat ne puisse avoir lieu à l’Assemblée nationale, c’est bien le gouvernement Borne qui gouverne depuis un an et demi par 49.3, vingt à cette heure…
Cet épisode est une nouvelle étape de la crise politique qui montre la fragilité du gouvernement. En refusant la démission de Darmanin, Macron veut garder le cap. En mettant en place une commission paritaire qui va discuter du projet de loi version Sénat, c’est-à-dire encore plus réactionnaire sur le fond, son objectif reste de faire passer coûte que coûte cette loi xénophobe et raciste, de la rendre encore plus brutale et inhumaine pour obtenir les voix des LR et du RN.
Ils veulent “rendre la vie impossible” à touTEs les étrangerEs
Avec cette loi, les conditions pour le regroupement familial seraient encore plus difficiles, ainsi que la régularisation des étudiantEs étrangerEs, des demandeurs/euses d’asile, des mineurEs isoléEs arrivant à leur majorité, des travailleurs/euses. Le niveau de langue française exigé – de plus en plus élevé – est un obstacle à l’obtention d’un titre de séjour. Cette loi vise à expulser encore plus vite et plus facilement, généraliser les OQTF (Obligation à quitter le territoire français), les IRTF (Interdiction du retour sur le territoire français), allonger leur durée d’exécution, diminuer les moyens de défense, prolonger le placement en Centre de rétention ou passer l’assignation à résidence de 90 à 135 jours. Elle permettrait de retirer des titres de séjours à des personnes en situation régulière, en cas de non respect des « valeurs de la République », ou de « trouble à l’ordre public », sans aucune autre précision sur leur contenu… Des concepts volontairement flous et imprécis ouvrant la porte à l’arbitraire des préfectures.
Concernant l’AME, Darmanin est (était ?) revenu sur la proposition de suppression faite par le Sénat… mais veut renforcer les conditions pour y avoir droit. Il pourrait même rétablir sa suppression pour plaire aux pires réactionnaires.
Quant aux métiers en tension, la loi est devenue de plus en plus restrictive. Elle accorde un titre renouvelable d’un an seulement, mettant à la disposition des employeurs une main-d’œuvre exploitable et jetable. Mais le RN et LR n’en voulant pas (même si le patronat y est favorable), cet article pourrait donc disparaître pour les satisfaire…
De l’air, ouvrons les frontières !
La mondialisation capitaliste permet la circulation des marchandises et des capitaux partout. Mais les personnes contraintes à l’exil sont empêchées de se déplacer librement par des murs, des barbelés, la police et l’armée aux frontières, l’absence de secours en mer. Les défenseurs de ces systèmes autoritaires et racistes sont aussi ceux qui s’attaquent aux acquis sociaux et aux libertés.
Face à cette barbarie d’État, l’ouverture des frontières est la seule façon de stopper l’hécatombe dans les mers et les montagnes. La seule politique viable est d’accueillir les exiléEs dignement, de combattre tout ce qui divise les exploitéEs et les oppriméEs.
Pour la liberté de circulation et d’installation, pour la régularisation de tous les sans-papiers !
Le mercredi 13 décembre 2023