Kanaky : la lutte du peuple Kanak continue !

Au printemps 2024, des jeunes Kanak étudiant à Poitiers ont souhaité informer la population sur ce qui se passait réellement en Kanaky-Nouvelle Calédonie, pour contrer le discours médiatique dominant, souvent mensonger, au moins par omission. Pour cela, a été organisée le 27 juin 2024 une réunion publique soutenue par le NPA-A 86, qui a permis d’expliquer l’histoire de la lutte pour l’indépendance et l’enjeu du dégel du corps électoral (qui visait à mettre les Kanak en minorité en donnant le droit de vote à des personnes récemment arrivées sur le territoire), et de donner des informations fiables sur les émeutes populaires et le processus de répression féroce mis en œuvre par l’état colonial français. Une cinquantaine de personnes s’étaient réunies à cette occasion, et l’on s’échangeait alors les bribes d’information sur ce qui commençait à constituer une vaste série de déportations de prisonniers Kanak en France.

Le Collectif Solidarité Kanaky, malgré les embûches et les entraves de l’administration pénitentiaire et de l’état français, a enquêté avec pugnacité sur ces déportations. Il a pu établir qu’en plus des 7 militantEs de la Cellule de Coordination des Actions de Terrain (CCAT) dont la déportation en France a été médiatisée, 69 prisonniers du Camp Est ont été déportés en France entre mai 2024 et avril 2025, de façon totalement illégale puisque la Kanaky-NC est un territoire non-autonome, c’est-à-dire, en droit international, un territoire séparé et distinct de la France, bien que celle-ci y exerce les pouvoirs régaliens.

Le Camp Est est une prison de Nouméa aux conditions de détention indignes, dans lesquels de nombreux sévices sont infligés aux prisonniers, qui sont Kanak pour l’immense majorité. Ceci a été dénoncé dès 2019 et à de nombreuses reprises par des institutions françaises, l’état a même été condamné pour cela en 2024 mais la situation ne fait qu’empirer.

Les 69 prisonniers déportés sont tous des hommes, condamnés avant les émeutes populaires de mai 2024 et n’ayant pas participé à ce soulèvement. Certains purgent une peine de quelques mois, d’autres de plus longues peines. Tous ont en commun d’avoir été déportés à plus de 17000 km de chez eux du jour au lendemain et sans qu’aucune information ne soit donnée à leurs familles.

La déportation a des conséquences très graves pour les prisonniers comme pour leurs proches, sur le plan de la santé physique et mentale ainsi que sur le plan économique. Le Collectif Solidarité Kanaky détaille tout cela, ainsi que le suivi qu’il effectue, dans son rapport de mai 2025 que nous vous invitons à lire.

Pour protester contre cette grave atteinte aux droits des prisonniers et de leurs familles, de nombreuses mobilisations ont eu lieu, devant les prisons et les préfectures. En ce mois de mai 2025, la communauté Kanak en France et ses soutiens ont à nouveau donné de la voix pour réclamer lors de rassemblements la libération et le retour en Kanaky-Nouvelle Calédonie des prisonniers et prisonnières politiques de la CCAT.

C’était d’ailleurs l’un des points que le Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) avait mis sur la table des négociations conduites début mai par Manuel Valls, ministre des Outre-mer, pour parvenir à un accord entre l’état français, le peuple Kanak indépendantiste ou non, et les loyalistes d’extrême-droite. Les autres revendications les plus importantes étaient : la tenue des négociations en Kanaky-NC et non à Paris, la mise en place d’un calendrier d’accession à la souveraineté pour le territoire Kanak et la supervision de l’ONU tout au long du processus, jusqu’à l’indépendance réelle. Le FLNKS, les autres partis indépendantistes, de droite modérée, ou représentant les Wallisiennes et Wallisiens de l’archipel, tous ont accepté de discuter à partir du projet apporté par Valls, projet de souveraineté partagée qui semble ménager les intérêts français dans une classique vision impérialiste.

Mais face à la résistance des loyalistes, qui refusent le processus de décolonisation pourtant internationalement reconnu comme nécessaire, le ministre a échoué à trouver une solution politique. S’il ne parvient pas, comme il le prétendait, à mélanger l’eau et l’huile, c’est probablement parce que ce n’est pas la bonne recette. Pour les loyalistes, qui sont ouvertement racistes et défendent la suprématie blanche dans un système ségrégationniste, la proposition étatique n’est pas suffisante pour garantir le maintien de leurs privilèges et de l’exploitation des Kanak. Et tant qu’on leur permettra de conserver une partie du pouvoir, notamment économique, iels feront obstacle par tous les moyens à la volonté du peuple Kanak.

Nos camarades Kanak ont donc plus que jamais besoin de notre soutien, que ce soit pour obtenir la libération et le retour au pays des détenuEs en France – et nous pensons en particulier au prisonnier incarcéré à Vivonne dans notre département, ou pour la décolonisation de leur territoire. Les Kanak ne doivent plus perdre la liberté ou la vie lorsqu’iels luttent pour leurs droits. Soyons solidaires, mobilisons-nous pour la justice et pour l’indépendance de la Kanaky !

Pour aller plus loin, vous pouvez visionner la vidéo du meeting qui s’est tenu lundi 7 avril à la Bourse du Travail de Paris à l’appel du Collectif Solidarité Kanaky, avec la présence des familles et proches des militants déportéEs et emprisonnéEs en métropole après le soulèvement du 13 mai dernier :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.