On se retrouve au début de la 5ème république à l’automne 1959 et ce polar permet d’y entrer par le trou de la serrure. Mais après on est bien dedans, jusqu’au cou, et nos plus ancien·e·s lecteurs/trices vont se régaler, ielles vont rajeunir de 60 ans. Ce qui est bon en cette période. Pour les plus jeunes ils vont comprendre pourquoi on veut en finir avec la 5ème. Ils sont tous là et ce n’est pas la peine de féminiser car il n’y a pas de place pour les femmes à cette époque en politique, trop sérieux sûrement !!! Ou trop pourris.
Il y a Papon à la tête de la préfecture de police de Paris (ça n’a guère changé avec Lallement aujourd’hui), Mitterrand et le célèbre « attentat » de l’observatoire (déjà trouble), Pasqua et la création du sac, l’OAS et ses attentats, des anciens collabo, des anciens résistants, des mafieux, des trafiquants de drogue, un avocat algérien proche du FLN assassiné, des centaines d’algériens jetés à la Seine le 17 octobre 61, un dossier ultra sensible dont personne ne connaît le contenu, Michel Debré premier ministre, un journaliste de l’Huma, même Jean Marie Le Pen pointe son nez… Rien ne manque dans le décor.
Et ce sera un ancien collabo exécutant des basses œuvres de Papon, un ancien résistant trafiquant de drogue et un jeune flic qui pense que son boulot est d’arrêter les criminels qui vont se croiser pour déjouer une grosse manipulation politique. Ces trois personnages ont tous une part d’ombre et de lumière en eux. La frontière entre les bons et les méchants n’est jamais simple et ça reste un roman (tant mieux). Mais un roman écrit par un journaliste, comme un journaliste. Un roman documenté qui nous parle des débuts de cette période où tous les coups bas sont permis. Où les hommes politiques oscillent en permanence entre la face publique honorable et les saloperies de la face cachée.
L’intrique romanesque est passionnante dans un contexte politique et historique bien réel. Ça en fait un bouquin palpitant, qui se lit d’une seule traite. Une vraie réussite pour un premier livre.
Thierry