L’aéroport de Poitiers-Biard est au cœur des débats. Sa gestion, en délégation de service public, pose de nombreux problèmes. D’abord d’un point de vue financier. Ensuite d’un point de vue écologique. Les deux étant recoupés par une question politique : qu’est-ce qu’une politique de gauche, qu’est-ce qu’une politique écologiste ? Nous pensons pour notre part qu’il est inacceptable de laisser la gestion de l’aéroport de notre ville à l’entreprise Vinci (et à n’importe quelle entreprise privée).
Vinci est ultra-bénéficiaire. Pourtant, la gestion de l’aéroport est catastrophique pour les collectivités locales qui se voient dans l’obligation de financer elles aussi l’aéroport : ces délégations de services publics sont un moyen de ne pas prendre en charge à 100% les services utiles à la population pour les conseils départementaux, les régions, les municipalités… peu scrupuleux de céder au privé (et donc aux spéculations, à la casse des droits sociaux, aux pollueurs) les biens publics (nos biens à toutes et tous). C’est un abandon de la politique pour laisser place à la « gestion ».
Rappelons que la garantie apportée par un service en régie 100% publique, c’est la qualité et le maintien du pouvoir de décision dans le giron municipal et communautaire, voire départemental – dans le cas de l’aéroport – pour les choix politiques et stratégiques.
À ce titre, comment les collectivités locales peuvent-elles, même indirectement, financer des compagnies low-cost, comme RyanAir, qui imposent à leurs salarié.e.s des conditions de travail dignes des pires systèmes ultra-libéraux ?
Il est urgent de reprendre la main, à Poitiers (et à Grand-Poitiers), afin de mettre un coup d’arrêt immédiat à la délégation de service public à l’aéroport de Poitiers-Biard. Pas 1€ de plus ne doit être dépensé du public vers le privé. Et ce d’autant plus en ce qui concerne le transport – qui plus est aérien. Il est en effet urgent de reprendre le pouvoir sur l’aéroport, d’en faire un lieu 100% public, d’engager une réflexion avec les poitevin.e.s et de trancher sur son avenir par référendum.
Par ailleurs, à l’heure de la crise climatique centrale et urgente que nous vivons, il y a nécessité pour Grand-Poitiers de développer, en priorité, les transports publics du quotidien, les bus GRATUITS immédiatement et tous les jours (tout en augmentant leurs fréquences), ainsi que les déplacements doux (vélos, piétons…). Cela passe, notamment, par l’arrêt de financements au privé, comme à l’aéroport. Il serait utile d’avoir une étude et une transparence totale sur l’argent dépensé par Poitiers/Grand Poitiers dans la DSP gérée par Vinci. Mais cela passe, aussi, par des choix comme ne pas financer la nouvelle salle « Arena », soit 5 millions d’€ dépensés (environ une année de bus gratuits). Choix qui a été fait à Dunkerque.
En fait, tout est question de choix et de courage politique. Bien loin des logiques gestionnaires, il faut oser mener les combats, oser retourner la table !
Poitiers, le 30 septembre 2019.