Alors qu’une grande journée de mobilisation aura lieu le dimanche 11 octobre à Epannes dans les Deux-Sèvres (avec notamment la présence de José Bové, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Philippe Poutou), les anticapitalistes doivent également apporter leur soutien à cette lutte contre l’agriculture intensive.
Qu’est-ce qu’une bassine ?
Une bassine est une retenue d’eau artificielle (avec une taille d’environ 10ha et avec des digues de 10 mètres de haut). Afin de les remplir, il faut pomper les nappes phréatiques. L’objectif est qu’en été les agriculteurs puissent utiliser cette eau afin d’arroser des parcelles, principalement de maïs (très gourmand en eau). Dans le Poitou-Charentes, de nombreuses Bassines sont en projet : certaines autour de la Sèvre niortaise et du Marais poitevin (79) ; d’autres dans la Vienne, près de Poitiers, dans la vallée du Clain, et notamment sur la commune de Migné-Auxance où, là aussi, des oppositions existent.
Pourquoi s’y opposer ?
D’abord parce que c’est un désastre écologique. Lorsque l’eau des nappes est captée, cela a des incidences directes sur les espaces humides alentours (assèchement des mares par exemple). C’est par ailleurs un gaspillage d’eau (au moment de l’arrosage mais aussi parce que l’eau s’évapore au soleil).
Ensuite parce qu’il s’agit de la promotion d’un modèle agricole que nous rejetons. Ces bassines sont faites pour les grandes exploitations, qui détruisent les sols avec des méthodes de culture intensive. Les petitEs paysanNEs, eux, n’auront pas le droit de se raccorder à ces Bassines.
Enfin parce qu’il s’agit de l’utilisation de l’argent public pour le privé. Ces bassines sont produites avec des deniers publics (près de 70% du financement), alors que l’eau est mise à disposition d’entreprises privées (grands agriculteurs), peu soucieuses de l’environnement ou de la démocratie locale.
Leur modèle et le nôtre
La revendication forte des habitantEs et paysanNEs en lutte est que l’eau doit rester un bien commun. Or les bassines portent dans leur ADN l’idée d’une privatisation de l’eau pour des objectifs financiers. Comme anticapitalistes, nous revendiquons la défense de l’eau en régie publique et sous contrôle des usagerEs et nous défendons fermement sa valeur d’usage avant sa valeur marchande.
Nous revendiquons aussi la défense de nos écosystèmes, et en particulier des ruisseaux, mares ou autres zones humides. C’est dans ces zones là que la vie, faune et flore, peut se développer de façon massive. Dans la région, la défense du Marais Poitevin est, à ce titre, un enjeu écologique important.
Enfin, nous devons rappeler des revendications politiques comme le fait que l’argent public doit d’abord servir aux services publics. Ou encore que les choix de ce type, comme d’autres grands projets inutiles, doivent donner lieu à une réelle démocratie à la base, décisionnelle, et pas seulement à des consultations une fois les décisions prises.
La mobilisation autour du rejet de ces bassines permet facilement de démontrer, là-encore, l’absurdité capitalistique. Et, par la même, aller vers une société écosocialiste, débarrassée du capitalisme, est une question qui se pose si l’on souhaite sérieusement en finir avec la folie destructrice épuisant « les hommes [et les femmes !] et la nature ».
A. R., à Poitiers, le 6 octobre 2020.
Tout est parti de la mauvaise gestion des bassins versants qui alimentent le marais poitevin, par exemple la Sèvre Niortaise qui rejettent 70% des pluies en mer alors qu’il ne faudrait pas dépasser les 30%, et ce sont les mêmes écologistes qui ont fait détruire les retenues qui permettaient de réguler le débit des rivières … cherchez l’erreur !
La consommation totale de la Nouvelle Aquitaine (potable, industrie et agricole) représente à peine 18mm de pluie quand il en tombe au minimum 700 par an ! Le problème c’est que les rivières rejettent entre 50 et 70% des précipitations quand il ne faudrait jamais dépasser les 30%, parce que les agences de l’eau se servent de l’effet « chasse d’eau » des crues pour évacuer les polluants des stations d’épurations et des ruissellements urbains… Un scandale écologique sans précédent avec le silence complice de toutes les associations de défenses de l’environnement dont FNE et la Sepanso …
Une pluie même forte n’est pas un raz de marée mais elle le devient automatiquement quand on ne régule pas les ruissellements en amont des bassins versants. Depuis plus de 30 ans les climatologues disent bien, qu’avec le dérèglement climatique, il n’y aura pas moins d’eau mais une dégradation de la répartition annuelle des pluies : inondations l’hiver et sécheresse l’été, exactement le scénario qui s’installe durablement en France et partout dans le monde. En France la menace vient de l’eau des terres et pas de la submersion des mers !
Le bon sens aurait voulu qu’on anticipe en construisant des retenues en amont des villes pour maintenir un débit acceptable et plus régulier en aval tout au long de l’année, mais depuis quelques années l’administration ordonne la destruction des ouvrages sur les rivières au nom de la continuité écologique, ce qui a amplifié massivement un phénomène parfaitement prévisible : quand l’eau s’écoule plus vite elle s’écoule moins longtemps !
pétition en ligne : https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-54