Depuis plusieurs semaines, nous sommes un certain nombre de militantEs et sympathisantEs du NPA de la Région Nouvelle-Aquitaine implantéEs dans la majorité des départements la composant, à discuter avec la France Insoumise pour parvenir à un accord électoral aux régionales.
Il nous paraît utile de reprendre la plume, pour expliciter ce choix, afin d’expliquer et d’essayer de convaincre le plus largement possible de la justesse de notre politique.
Ce texte s’adresse à nos camarades de la FI, mais aussi à celles et ceux du NPA non-engagés avec nous dans cette démarche, et plus largement à l’ensemble des personnes qui nous suivent, qui regardent ce que nous écrivons, qui attendent que nous fassions des propositions concrètes.
Les luttes au cœur
Nous n’avons pas décidé, au hasard, de discuter avec la FI. Notre constat est simple : les luttes se multiplient, mais elles sont désorganisées, pas reliées, et souvent défaites.
Avec la FI, avec des militantEs des luttes (syndicalistes, collectifs, associations), nous nous retrouvons dans ces mobilisations.
Que ce soit contre la réforme des retraites, contre les plans de licenciements, contre les expulsions de migrants, contre les violences sexistes, contre la loi « sécurité globale », contre la casse des services publics, contre le racisme… nous battons le même pavé.
Il nous apparaît donc tout à fait normal de discuter entre camarades d’organisations différentes, mais aux combats communs.
Besoin vital d’une alternative
Cela n’empêche pas les désaccords politiques entre nous. Des désaccords de fond, bien sûr, notamment sur les questions du souverainisme, de liberté de circulation et d’installation, du rapport à l’état. Mais aussi de forme, en ce qui concerne la professionnalisation de la politique, le rapport au jeu institutionnel, la recherche de respectabilité, etc. Ces désaccords font que nous nous affirmons anticapitalistes, et que les camarades FI s’affirment républicains.
Néanmoins, nous pensons que ces désaccords ne sont pas insurmontables dans l’optique de présenter, ensemble, une liste aux régionales. D’autant que les élections régionales ne sont qu’une étape de la vie politique. Nous pensons qu’il est possible de nous mettre d’accord sur un programme d’urgence social, écologique, démocratique. Ce programme et cette démarche sont attendus par nos sympathisantEs, qui ont besoin d’un débouché politique à leurs luttes, et en ont marre de voir la désunion à chaque élection.
Il est probable que des désaccords politiques avec FI apparaissent durant la campagne… Et alors ? Les désaccords, s’ils sont débattus, expliqués, y compris publiquement, ne posent pas de problèmes. Si ces désaccords sont trop profonds, rien n’empêche de rompre. Cela dit, il est bon de rappeler que nous ne cherchons l’unité à gauche qu’avec des militantEs avec qui nous avons des désaccords (sinon nous serions déjà dans le même parti). Nous sommes de bords différents mais nous avons un point commun essentiel : arrêter la paupérisation et les destructions induites par le néo-libéralisme, lutter contre l’austérité.
Réforme ou révolution ?
Nous sommes persuadés qu’un changement révolutionnaire de la société ne passera pas par les urnes. Nous pensons, cela dit, que l’intervention dans le champ électoral est utile pour faire entendre un autre discours, mais aussi pour le rendre crédible.
L’expérience de Bordeaux En Luttes montre qu’il est possible d’avoir des éluEs des luttes. Comme les expériences des élues obtenues à Poitiers en 2008 et 2014, à chaque fois dans des cadres unitaires.
Nous sommes pour poursuivre ces expériences unitaires, ici avec la FI. C’est un moyen de toucher plus de monde, d’obtenir (possiblement) des éluEs qui, pendant 6 ans, porteront les idées anticapitalistes et révolutionnaires au sein du parlement régional. Et nous souhaitons le faire en gardant une indépendance politique au 1er et au 2ème tour, en refusant toute alliance avec le PS ou ses alliés.
Une situation politique dégradée
La situation politique que nous vivons nous oblige à faire des paris politiques. Nous restons convaincus de la justesse, de l’importance, de construire une organisation indépendante sur des bases anticapitalistes. Dans le même temps, nous devons collectivement faire le bilan que nous sommes, aujourd’hui, loin d’être en mesure de porter, seuls, un semblant d’alternative. Un programme unitaire, même s’il ne sera pas précisément le programme du NPA, est un bon moyen de faire entendre largement l’idée qu’une autre politique est possible à gauche. Ce programme ne peut pas être, non plus, celui de la FI. Il nous faut un programme des luttes, c’est-à-dire ce qui nous rassemble dans la volonté de construire une liste ensemble.
Par ailleurs, qui pense encore qu’il est possible de mettre en place un programme réformiste en prenant le chemin tranquille des institutions ? A l’heure du néo-libéralisme, patronat et état ne laissent plus aucune place à la moindre mesurette de gauche. C’est donc bien par les luttes que nous pourrons imposer un programme, et cela même si nous parvenions à gagner une élection. Nous en sommes conscients, nous le défendons aujourd’hui et le défendrons demain, avec ou sans accord avec FI.
Redonner confiance et espoir
Notre volonté est simple : redonner confiance et espoir. Confiance en notre capacité collective, celle de notre camp social, des militantEs des organisations du mouvement social.
Un espoir aux actrices et acteurs des luttes. Mais aussi un espoir à nous-mêmes, à nos sympathisantEs. Nous avons besoin de reprendre du plaisir, en menant des campagnes enthousiasmantes, en rencontrant des gens, en discutant, en confrontant, en essayant de faire avancer nos idées anticapitalistes, écosocialistes, féministes, internationalistes. Les élections régionales sont une occasion de le faire.
Nous refusons la politique du commentaire. L’unité que nous faisons dans les luttes, nous devons aussi la défendre politiquement, et dans les urnes. Nous voulons une politique audacieuse : indépendante, radicale, et unitaire. Cela ne fait de nous ni des réformistes, ni des électoralistes, mais des camarades anticapitalistes qui tâtonnent, cherchent des chemins, comme nous toutes et tous, vers l’émancipation de notre camp social.
Philippe P. (33), Manon L. (86), Bernard T. (17), Christian N. (23), Eric S. (64), Gérard R. (16), Irène L. (24), Jacqueline L. (47), Hervé C. (23), Laurent B. (23), Clara B. (16), Nicolas L. (86), Thierry M. (86), Denis R-P. (17), Danièle L. (24), Pierre C. (33), Chantal M. (47), Alexandre R. (86), Véronique G. (33), Georges M. (33), Patrice C. (23), Maryse D. (86), Jean-Louis A. (16), Marianne L. (64), Béatrice W. (33), Jacques R (33)