Suite aux annonces du déconfinement de l’école le 11 mai, d’abord pour les GS, CP, Cm2 puis pour les collégiens la semaine suivante, et enfin tous les enfants dès le 25 mai, nous dénonçons la mise en danger des élèves, des familles ainsi que de tout le personnel qu’il soit municipal, enseignant ou intervenant auprès des élèves.
Le gouvernement a bel et bien pris cette décision malgré l’avis négatif du Conseil scientifique du 20 avril. Ce n’est qu’après avoir « pris acte » de la décision du gouvernement que le Conseils Scientifique a annoncé des mesures jugées indispensables à la protection de tous après le refus du gouvernement de maintenir les écoles fermées : personnels et enfants formés à l’utilisation des masques, pas de cantine, bionettoyage plusieurs fois par jour des salles de classe et parties communes, horaires échelonnés à l’arrivée et à la sortie des élèves, aménagement du rythme des enfants (un jour sur deux, ou alternance matin/après-midi, récréation décalée entre les classes, aération des salles, lavage des mains au début et à la fin des cours, avant et après chaque repas, masques obligatoires pour les personnels et les enfants à partir du collège). Il a aussi souligné la relative efficacité des masques grand public.Les tests signalés comme indispensables le 20 avril ont disparu. Ces mesures pourtant drastiques sont impossibles à faire respecter et sont un non sens pédagogique. Ces règles de sécurité sanitaire sont recensées dans un document de 54 pages. A la lecture, nous constatons qu’il sera impossible de le faire respecter, que ce soit en maternelle, en élémentaire ou bien au collège… Comment et qui devra s’assurer que les canalisations ont été purgées? Comment être sûr que les enfants restent à 1m de distance ? Comment comprendre que nous pouvons rassembler 15 enfants sans masque et 1 adulte dans une même pièce alors que pour les adultes ce sera 10 maximum ?
Si ce protocole n’est pas respecté, l’école ne pourra pas ouvrir. Qui en assurera la responsabilité ? L’équipe pédagogique ? Le directeur ou la directrice ? Cette période de déconfinement a vu les missions des directeurs et des directrices augmenter. On se rend compte qu’en début d’année, le suicide de Christine Renon, directrice d’école, n’a pas permis au gouvernement de réfléchir à un allégement des tâches de direction.
Les risques encourus et les responsabilités que cela implique, l’atmosphère que cela va générer sont inacceptables pour 16 jours d’école temps plein au final d’ici au 3 juillet pour les élèves les plus jeunes. En quoi cela va-t-il enrayer le décrochage scolaire qui inquiète tant notre ministre, et répondre au fléau des violences familiales ? Depuis quand les inégalités sociales et les violences familiales sont une priorité de ce gouvernement ? La politique d’austérité et la logique comptable, comme pour l’hôpital, détruit depuis des années, et à fortiori avec ce gouvernement qui n’admet aucun dialogue basé sur la confiance et l’expertise des personnels et acteurs de terrain, détruit le bon fonctionnement de l’école par manque de moyens humains et financiers, que les acteurs de l’Education Nationale n’ont eu cesse de signifier et alerter. Dès l’annonce de la reprise de l’école, nous n’avons pu que constater que les enfants qui vont reprendre le chemin de l’école ne seront pas ceux qui auront été « perdus » pendant cette période de confinement.
Des enfants ne mangeraient pas à leur faim pendant le confinement mais le problème ici n’est pas la fermeture des écoles et des cantines mais la précarité dans laquelle vivent déjà les familles les plus démunies. Nous demandons à ce que soient dès maintenant augmentés les minima sociaux afin que chacun puisse vivre dans les conditions décentes. A l’heure où l’Etat peut trouver des milliards pour les grandes entreprises, nous pensons qu’il serait plus utile d’utiliser cet argent pour les plus démunis.
Les fédérations de parents d’élèves, tout comme les syndicats enseignants ont d’ors et déjà affiché leurs inquiétudes, l’insuffisance ou l’absence de sécurité sanitaire, ils se sont clairement positionnés contre la réouverture dans de telles conditions. Plusieurs chefs d’établissement ont signifié l’impossibilité d’appliquer de telles mesures et sont inquiets, comme tous les enseignants, de la responsabilité pénale mais aussi morale des personnels de l’Education Nationale. Plusieurs maires ont signifié les mêmes inquiétudes et ont déclaré leur refus d’ouvrir, d’autres ont interpellé le gouvernement pour réfléchir ensemble avec mesure et discernement pour une réouverture en septembre, et dénoncé le poids de la responsabilité laissée au maires dans de telles conditions de marche forcée. Les DDEN également, en faveur d’une concertation et d’une mise en place en collaboration avec tous les acteurs de l’éducation lors d’un Conseil d’Ecole extraordinaire par exemple. Déjà des conseils d’école se sont opposés dans la Vienne à une ouverture le mardi 12 mai.
Personne ne comprend cette course à la réouverture sans garantie de protection qui va exercer une pression sur les élèves, les parents et les personnels, si ce n’est pour permettre à tous les parents d’être dégagés de la garde des enfants et d’aller travailler, comment ne pas y voir un mépris profond pour le sens de l’école et la protection des enfants, des parents et des personnels. M.Blanquer, ministre de l’Education Nationale, a malgré tout annoncé une reprise sur la base du volontariat pour les parents d’élèves, or Mme Pénicaud, ministre du travail, a officiellement déclaré qu’à partir de juin, une fois tous les élèves à l’école, le chômage partiel sera suspendu, Comment ne pas y voir une obligation au travail ?
Il est évident que rien de sérieux et de responsable, et encore moins de serein et de réfléchi n’est au rendez-vous pour une reprise du 11 mai et qu’il est inadmissible, voire criminel de maintenir l’ouverture des écoles dans de telles conditions, sans aucune concertation avec les fédérations de parents d’élèves, les collectivités et les personnels, alors même que c’est le défi de la rentrée qu’il faudrait préparer après une telle année scolaire vécue par les éléves et les personnels, alors même que la politique d’austérité continue et que les instances décisionnaires des ouvertures et fermetures de classe continuent de se faire. La dernière contamination au collège de Chauvigny en est la preuve. Dans la précipitation, nous n’allons que faire encourir le risque de contamination et la création de cluster dans les établissements scolaires. Le NPA86 déclare coupable le gouvernement de la contamination du personnel du collège de Chauvigny.
Alors que le Directeur Académique de la Vienne se targue d’une ouverture prochaine des 99% de la Vienne et des 2/3 des écoles dès le mardi 12 mai, au regard de tout ce que nous venons de dire, nous trouvons ces réouvertures beaucoup trop rapides et dangereuses pour les personnels, pour les enfants et les familles.
Le 11 mai c’est non ! Mieux vaut une école pour personne qu’une école maltraitante, nos vies valent plus que leurs profits.