Alors que des centaines de militantEs et de sympathisantEs du NPA parcourent les routes de France pour recueillir les 500 parrainages de maires et autres éluEs, il est utile de prendre quelque temps pour réaffirmer le besoin de cette candidature afin de mobiliser le plus grand nombre dans cette dernière ligne droite.
Réaffirmer une alternative anticapitaliste
Depuis la présidence de Sarkozy et la crise de 2008, les politiques d’austérité n’ont pas cessé en France. La victoire de la gauche en 2012 avec François Hollande n’y a rien changé. Et le gouvernement Macron perdure la casse des services publics, des libertés publics, des acquis sociaux au sens large. Si, bien évidement, cette période a vu des luttes de masse, toutes ont fait la démonstration d’un double manque : 1. le manque de coordination unitaire et démocratique, d’une certaine radicalité, et d’une massification pour l’emporter. 2. le manque d’une alternative politique crédible à gauche, soit parce que la gauche n’est plus vue comme une alternative, soit parce que les organisations révolutionnaires subissent la critique générale « anti-partis » et n’ont pas été en capacité de se renouveler. Aussi, la période doit nous inviter à répondre à ces deux problématiques. Comment gagner des luttes qui sont les seules à pouvoir faire bouger les lignes ? Comment reconstruire un idéal de société, une idéologie émancipatrice du XXIè siècle, répondant à la fois aux aspirations sociales, écologiques, féministes, égalitaires. Avec le NPA, nous avons voulu répondre à cet objectif mais force est de constater que, pour l’heure, nous n’y sommes pas arrivés. Toutefois, l’objectif reste le même : reconstruire les mobilisations (grèves, luttes, blocages) pour renforcer le collectif, la conscience de classe, la confiance en soi… Tout en proposant une méthode : la destruction du capitalisme, l’auto-organisation, la démocratie réelle et permanente, l’internationalisme. Dans cette perspective, la candidature de Philippe Poutou joue un rôle : elle permet de réaffirmer ce projet. De parler des mobilisations, de l’unité à mettre en place, d’une alternative anticapitaliste à construire. Elle permet de poser sur la table l’idée qu’il est « trop tard pour être modérés », que nous ne voulons plus de la gauche qui trahit mais plus non-plus de la gauche des demi-mesures, des reformes qui ne se font pas ou presque pas. Elle permet de dire que nous voulons tout changer, qu’il faut tout changer, pour éviter la catastrophe.
La question du profil
La candidature Poutou permet aussi de mettre dans le débat, comme en 2012 et en 2017, le fait qu’un non-professionnel de la politique, un ouvrier au chômage qui plus est, peut être candidat à la présidentielle et tenir tête aux « grands » de ce monde politique. On se souvient touTEs des claques à Le Pen et Fillon, du franc parler, de la parole populaire, des messages radicaux venant des luttes. Aujourd’hui encore l’emprunte de la campagne de 2017 reste tenace : de nombreuses personnes, majoritairement issues des classes populaires, se sont senties représentées.
Comme le dit Olivier Besancenot, on avait l’impression que notre équipe de foot préférée venait de marquer un but. Une joie un peu indescriptible, quelque chose venu des tripes, qui donne la chair de poule et se grave dans les mémoires. Cette madeleine de Proust révolutionnaire, en 2022, nous voulons la rééditer. Mais Macron, lui, ne le veut pas. Comme l’a relayé Libé, l’entourage du président craint énormément de se faire « punchliner » par l’ouvrier. Pourtant, c’est précisément ce dont nous aurions besoin : que Poutou fasse feu sur Macron, puis que toute la population en fasse autant, en se mobilisant. Qu’un ouvrier, un chômeur, quelqu’un d’en-bas, puisse tenir tête, dire des vérités, tout en proposant une alternative politique, c’est un moyen de montrer qu’on peut toutes et tous le faire ensemble. C’est ce déclic-là que nous cherchons à créer. C’est aussi le sens de la candidature que nous portons.
Une campagne pour tout reconstruire
Il y a clairement une tentation vers le vote « utile » pour Mélenchon. Pourtant, le vrai vote utile c’est de voter pour ce que l’on pense vraiment, avec son cœur. Si nous pouvons comprendre l’aspiration unitaire qui existe, nous voulons rappeler que la gauche que nous essayons de construire défend une perspective de rupture révolutionnaire, au sens où nous ne pensons pas qu’un changement viendra des urnes. Pour nous il faut utiliser la séquence électorale pour faire entendre un programme mais aussi pour expliquer comment celui-ci peut être mis en place : par l’intervention populaire, par la prise en main de son destin par les prolétaires elles et eux-mêmes.
La campagne Poutou est d’ores et déjà une réussite : des meetings blindés avec de très nombreux/ses jeunes, beaucoup de prises de contacts, des passages médias remarqués. À coup sûr, l’obtention des 500 parrainages permettrait de faire raisonner encore plus fort le discours anticapitaliste. Pour la gratuité des transports publics, pour la sortie du nucléaire, pour l’expropriation des grands groupes bancaires, de l’énergie et leur socialisation. Pour une planification démocratique de l’économie. Pour l’interdiction des licenciements, l’augmentation des salaires (1800€ minimum), la réduction du temps de travail, la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités. Pour la liberté de circulation et d’installation, la régularisation de tous les sans-papiers. Etc etc (lire le programme complet).
Plus que la gestion froide, plus qu’un programme bien ficelé, nous voulons proposer la révolte des peuples, une gauche décomplexée, un discours sans filtre. Il est vraiment trop tard pour être modérés face à la crise écologique, sociale, démocratique. C’est pourquoi il y a urgence à recueillir les 500 parrainages et à voter le plus massivement possible pour Philippe Poutou à l’élection présidentielle. Pour donner confiance dans l’idée qu’un changement révolutionnaire de la société est possible. Pour créer les bases d’une nouvelle organisation pour les anticapitalistes. On peut et on doit le faire, toutes et tous ensemble.
Alexandre Raguet