Il y avait eu les interdictions de manifester (avec amendes à la clé), la déclaration du zélé préfet prétendant qu’une « manifestation de soutien au peuple palestinien constitue, en elle-même, une atteinte à la dignité humaine », puis la convocation de la présidente du comité Palestine poitevin pour « apologie du terrorisme »… Le scandale répressif et les atteintes à la liberté d’expression continuent dans la Vienne, avec le clan sioniste, fervent partisan du gouvernement israélien et des massacres commis depuis le 7 octobre à l’encontre du peuple palestinien (environ 30000 morts – hommes, femmes et enfants, rappelons-le), qui n’a rien trouvé de mieux que de faire pression sur la mairie de Poitiers pour faire effacer une fresque appelant simplement à l’arrêt du génocide et montrant factuellement la progression de l’entreprise coloniale israélienne.
Effectivement, à aucun endroit sur cette fresque historique qui raconte, grâce à des cartes géographiques, la spoliation de leur terre aux palestinieNEs depuis 1948, n’est évoquée l’attaque du 7 octobre… Et alors ? Chaque fois qu’on parle des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, fait-on aussi l’inventaire des 75 ans d’atrocités commises par Israël ? Non, loin de là. Pourquoi l’inverse devrait-il s’imposer ?
Mais c’est en trop pour Claeys, Blanchard, Brottier et consorts, qui ne s’embarrassent pas de logique et qui ont immédiatement saisi le procureur de la république pour… antisémitisme !! Rien de moins…
La simple évocation de faits historiques, connus de la communauté internationale, établis par les historiennes et historiens, pose désormais problème à certains de nos élus. Jusqu’où cela va-t-il aller ? Faudra-t-il désormais faire valider chacune de nos expressions publiques par un comité de censure municipal, au cas où des propos parfaitement légaux heurteraient la sensibilité exacerbée de nos édiles, auto-érigés en juges ? Les artistes devront-ils se soumettre à l’approbation d’un politburo pour pouvoir utiliser les murs d’expression libre, qui n’ont jamais si peu mérité leur nom ? Et si ces messieurs ont leurs vapeurs, l’art et l’expression politique n’auront-ils plus droit de cité à Poitiers ?
Quelle indécence… Nous aussi, nous sommes heurtéEs par de tels agissements, par cette atteinte manifeste et caractérisée à la liberté d’expression et d’opinion, mais aussi par ce manque flagrant d’humanité. Pour nous comme pour les instances internationales, si l’on se réfère aux déclarations officielles émanant des rapports de l’ONU ou de la Cour Internationale de Justice, il est clair que les massacres en cours perpétrés à l’encontre du peuple palestinien relèvent d’une entreprise génocidaire, de même que le régime politique mis en place par Israël relève de l’apartheid, comme l’a analysé notamment l’Afrique du Sud en s’appuyant sur les critères juridiques en vigueur.
Il apparaît donc que ne pas s’opposer à ces massacres et ne pas lutter pour les droits du peuple palestinien signifie renoncer purement et simplement à la notion même de droits humains. C’est la proposition politique faite par la mairie de Poitiers. Et peu importe les discours, les actes sont parlants.
Poitiers, 18/03/2024