Des centaines de personnes se sont rassemblées à Poitiers ce samedi (entre 2000 et 3000) pour faire entendre leur ras-le-bol des violences policières, suite notamment à la mort de George Floyd, afro-américain tué par un policier aux États-Unis. L’appel à manifester venait de près d’une vingtaine d’organisations politiques, syndicales ou associatives. Mais les manifestantEs représentaient bien plus largement encore la population populaire de notre ville, avec de nombreux jeunes, des personnes racisées mais aussi beaucoup de militantEs traditionnels. C’est un moment historique pour Poitiers, nous n’avions jamais vu autant de monde dans une marche antiraciste, contre les violences policières.
Les manifestantEs sont restéEs près de 30 minutes devant la mairie puis ont déambulé dans le centre-ville, avec un point d’orgue devant le commissariat, où, toutes et tous en cœur, les gens ont chanté « justice pour Adama ! » ou encore « Tout le monde déteste la police ! ». Le cortège s’est ensuite dirigé vers la gare, puis la Porte de Paris, pour revenir en centre-ville via les 3 quartiers. Une fois devant la mairie, c’est des « Pas de justice, pas de paix ! » que les manifestantEs ont scandé.
Il est clair désormais que la France entière connaît un mouvement de lutte massif contre les violences, et même contre le racisme.
Dans la foulée de la manifestation parisienne « Pas de justice, pas de paix », en mémoire d’Adama Traoré, lui aussi tué par la police mais en France, des milliers de personnes prennent la rue pour dire que ces violences doivent cesser.
Les luttes et le travail réalisé par des journalistes permettent également d’y voir plus clair sur l’intérieur de la police en matière de racisme. Dans Mediapart ou sur Arte, sur le média Streetpress (https://www.streetpress.com/sujet/1591288577-milliers-policiers-echangent-messages-racistes-groupe-facebook-racisme-violences-sexisme), nous pouvons constater à quel point le racisme, et le fascisme, sont intégrés dans la police française. Il ne s’agit pas de cas isolés : le racisme est un problème systémique dans cette institution. Il y a urgence à désarmer la police avant que d’autres drames n’arrivent. Mais plus globalement, il faut en finir avec le capitalisme et son état, qui sont loin d’être neutres et qui usent de la violence pour maintenir une classe sociale au pouvoir : la bourgeoisie. Car c’est là le fond de l’affaire : la police joue un rôle de « maintien de l’ordre », alors même que cet ordre est capitaliste, raciste et sexiste…
Aussi, quand Alain Claeys, maire PS de Poitiers, parle du besoin de « plus de république » pour vaincre le racisme, il renforce cette vieille idée universaliste mais en réalité colonialiste, qui nie les différences non seulement culturelles, mais aussi sociales ou de sexe. Car bien sûr nous tendons nous aussi vers l’idée d’un monde plus égalitaire, mais la république française, justement, est un frein à cette émancipation car elle nie les oppressions. Pire, elle renforce le racisme, notamment via ses mesures islamophobes et ses politiques anti-immigréEs. Historiquement, on peut même ajouter que c’est la république qui a colonisé, qui a poussé à « l’assimilation ». Car pour les républicains, l’universalisme c’est l’idée que « leur vision » soit imposée au monde entier…
Pour nous au contraire, les oppriméEs, les exploitéEs, doivent s’auto-organiser pour lutter ensemble, nouer des alliances, et construire un idéal commun (comme l’eco-socialisme). C’est pourquoi nous sommes internationalistes et que nous défendons l’entraide entre les peuples. Aussi, les appels à la république dans la bouche de Claeys, comme dans celles de Macron ou de Valls jadis, ressemblent surtout à une invitation à nous taire, à faire taire celles et ceux qui luttent, pour les inviter à faire « confiance » à des institutions pourries jusqu’à la moelle. Il faudrait nous soumettre à leur vision, or c’est justement cette vision qui oppresse.
Les semaines qui viennent devront être celles de plus de solidarité, de plus de luttes ! En mémoire de George Floyd et de toutes les victimes de violences policières, il faut continuer de nous battre, et inscrire dans le temps un mouvement de masse contre les violences, certes, mais aussi pour un autre monde. Parce qu’au fond, le racisme, comme le sexisme, comme les crises économiques et écologiques, résultent d’une même société, et même si les luttes sont forcément distinctes car les oppressions ne sont pas les mêmes, ni les oppresseurs, c’est la chape de plomb capitaliste qui permet leur maintien. Et c’est des expériences de lutte, de « l’intersectionnalité » des luttes, des causes, qu’émergera des possibles communs. Oui, c’est possible! Seulement si on le souhaite et le construit, toutes et tous ensemble.
SUPER MANIF? SUPER REPORTAGE
ON LACHE RIEN
Je confirme, superbe manif ! Superbes photos ! Merci à vous et bien évidement on ne lâche rien ! Amicalement et à bientôt !